.Ceci me fut conté, jadis ou très longtemps Par un sage vieillard, pétri de
connaissance, Qui fort de son parcours, avait dompté
le temps. Il savait de l’humain toute la
réticence Et contemplait serein, avec
sollicitude, Les prétendus abois qui masquent
l’impuissance. -« Il est vain le combat contre la platitude, L’affrontement oiseux,
car dans cet univers L’un et l’autre
toujours auront même attitude ! » Je reçois la sentence, elle laisse
entrouvert Un espace cassandre où l’on sent l’amertume Pointer sous le sourire ; âme
forte et revers. -« Quand on vit
jeune et simple, on refuse coutume, On oppose au conforme, au
superficiel, Le branché, le câblé, haro
sur le posthume ». -« Le maître aura donné
l’air providentiel, La démarche qu’il faut ,
toute geste « inspirée »… Lors, chacun saisira propos
essentiel. » -« Comment ne pas
vouloir transport pour Empyrée ? Et l’on fustigera le
sot, le réticent, Qui ne s’allume pas
sous la flamme aspirée ». Le silence se fait, et le calme
agissant, Je reste interloqué, mais déjà je
gamberge : Comment ne pas rejoindre un bouillon
frémissant ? Pourquoi telle une barque attachée à
la berge, S’interdire d’agir lorsqu’êtes
convaincu ? Je renonce au confort, je saisis la
flamberge. Peut-être augures saints lors
auraient-ils vaincu Ma réserve profonde ou mon
indifférence, Mais je ne le crois pas, mon sort reste
invaincu. Un émoi dut se lire ou quelque
interférence ; Très calme il poursuivit : -« Toute société, Sous quelque latitude a
même cohérence » ; -« Du haut descend
le sens, tout à satiété, Le modèle et l’esprit,
et sous l’œil sardonique, La vérité se grave :
Ô notoriété » -« La parole transmise
au goût amer cynique, Entonnée à cœur-joie,
un accent oblatif Qui chavire quidam et
vire anachronique ». -« Au paisible pays,
havre contemplatif, Nul ne ressent besoin
de s’assumer pour vivre, Qui supprime l’envie, ôte
le combatif ». Serait-ce pour cela que révolte
s’enivre, Rébellion s’anime, annihilant forfait, Enfin ! - « Non, imposture, et rien qui ne délivre ». -« Au nom de la
justice, on détruit l’imparfait Déboulonne ex-idole, et
vilenie illustre On repart à zéro,
chantre plus-que-parfait. » -« Le mensonge est
bien là, sous lumière du lustre, Et qui se met en place,
en costume d’avant, Sous paillettes et ors,
debout sur la balustre » -« Trop de confort
attache à se poser savant, Agir sur terre en Dieu,
tel Allah ou « grand zigue », Et pour gérer son
fonds, dresser le paravent. » -« La marée aux désirs
enjambera la digue Plus rien n’arrêtera, fort,
cocu mais content Vous serez seul en
piste… et oubliez mézigue !» Ceci me fut conté, jadis, ou très longtemps Par un sage vieillard, pétri de
connaissance, Qui fort de son parcours avait dompté
le temps. Il savait de l’humain, toute la
réticence Et contemplait serein, avec
sollicitude, Les prétendus abois qui masquent
l’impuissance. Je suis benêt contrit dans ma
béatitude. |