L’antidote
J’ai confronté hier au vide de
l’instant,
J’ai feuilleté sans goût du récit les
outrages,
J’ai dessiné l’œil clos, ces lignes,
ces mirages
J’ai tutoyé surtout le doute
persistant.
Pourquoi vouer au ciel ce regard
attristant,
Habiller de regrets, de remords et de
rages
Ces vertiges fameux, ces inouïs
naufrages,
Une indigne foucade au suc
inconsistant ?
L’attrait de l’interdit, le jeu de
découverte,
L’irrépressible aimant de la porte
entrouverte
Où je veux m’engloutir enflammé de désir ?
L’idyllique mémoire a troublé l’anecdote,
L’habit étincelant leurre le faux plaisir,
Le rêve sulfureux était un
antidote.
27/12/2016
Jo Cassen
« Perfides utopies »
Tous droits réservés
Autre obsession
(Sonnet
polaire)
Le temps n’ajoute rien, il "urge" d’élaguer,
Même si le propos apparaît
péremptoire,
Et que d’aucune part je n’aie
échappatoire,
Je me dois d’assumer le choix de tout " flinguer".
La femme dont on dit, c’est
l’avenir de l’homme.
Ce bonheur fort subtil du croqué
dans la pomme,
Un bijou qui me hante et parfois me
distrait.
Pauvre crédulité, la vanité du
mâle,
Le pantin enivré caresse son portrait,
Un futile artifice ou névrose
primale ?
Sibylline vipère aimant à zigzaguer
Quand bien même perdue au fond du
purgatoire,
Ton sourire éhonté, vice
rédhibitoire,
Le luxe obsession me porte à
divaguer.
23 décembre
2016
Jo Cassen
"Perfides utopies"
Tous droits
réservés
Le Chant du Parti zen
Nul n’est jamais rebelle, indépendant
et libre,
Dominant ou vassal, affreux ou
terrifié,
Un machin au-dessus orchestre l’équilibre…
Chacun à son insu, du livre codifié,
Respecte les on-dit et prête
l’allégeance
Sans ombre d’ironie ou d’abord
stupéfié.
Les uns se satisfont de la douce
obligeance
Jouissent du bonheur, du morne faux
semblant,
Les autres en troupeau miment la
convergence.
Les faibles, plus petits, sans un
émoi troublant
Dupliquent le modèle, une
caricature,
Et
tourne l’univers, carrousel accablant.
Les révoltés d’hier enfantent
l’imposture,
Le mensonge serein nourrit la
trahison,
Sans état d’âme feint ;
Serait-ce forfaiture ?
Pour porter le déni, déguiser
l’horizon
Amuser valetaille avec des
fanfreluches
Ils offrent le miroir, alouette ou
prison.
L’artiste sans talent devenu
coqueluche,
Politique véreux, consommateur
craintif,
À chacun son hochet ou sa tendre
peluche.
Le péché de l’avant, le revendicatif
Oublié, sabordé, frisson démoniaque
D’un passé dépassé niant le créatif.
Aujourd’hui l’on s’endort sans
crainte maniaque,
On ne travaille plus, on regarde le
vent,
On vit table du cœur, douceur
élégiaque...
L’église de jadis a perdu le fervent,
Une autre la remplace aux attentes
confuses,
Et l’on se dit laïc dessous le
paravent.
On est surtout absent ; les
angoisses diffuses
Laissent la terre et l’onde au
chacal, au vautour
Qui sait décide et fait, ô sciences
infuses.
Parcourez les salons, faites le ce
détour,
Les cénacles charmants si loin de la
ceinture,
Et contemplez béat ces chevaux de
retour.
S’avancent fiers-à-bras, enflés de
pourriture,
Des bras vides de tête au trouble
regard mort,
Eux qui devraient combattre une déconfiture.
Du silence toujours naîtra le
croquemort,
Fanatique tyran, enfant de
populace ;
Le jaloux se séduit au jeu
trompe-la-mort.
La haine du succès, une ivresse
mollasse
Chaque jour un peu plus, dans la
fange inhumé,
Ton espoir dévasté fleure bon la mélasse,
Un rêve évanoui ne peut être exhumé.
Evanescence
Qui sait, demain ou peut-être
aujourd’hui,
Toujours celle qui hante,
L’image qui m’enchante,
L’étrange illusion qui habite ma
nuit.
Enfant sauvage et qui jamais ne fuis,
La petite marrante,
Parfois tonitruante,
Un éclair de bonheur, une torche en
mon puits.
Tel farfadet combattant de l’ennui,
Le plaisir est ta rente,
L’option récurrente ;
Rêve de cendrillon lorsque sonne
minuit.
Qui sait, demain ou peut-être
aujourd’hui,
L’idylle fulgurante,
Belle œuvre sidérante
L’étrange illusion qui habite ma
nuit.
6/12/2016
Jo Cassen
« Perfides utopies »
Tous droits réservés
Chevalier d’Apocalypse
Jeux Floraux de l'Essor Poétique 2017
Mention
Prix Francine Robert
Pourquoi
croire à demain quand aujourd’hui refuse,
Le
jour d’après l’orage oublierait-il mesquin
La
souffrance d’avant et la douleur diffuse
Le
mal a jeté l’ancre, obéit au faquin.
Comment
parfois prétendre atteindre la lumière,
Alors
que tout se floute aux horizons noircis ;
Chaque
pas est un pas qui t’enfonce en tourbière
Pour
interdire surtout l’éventuel sursis.
Où
se perdre à loisir pour s’enfuir de l’impasse,
S’étourdir
davantage aux philtres enivrants,
Gommer
l’illusion, briser la carapace,
Se
plonger en douceur loin des effets navrants ?
Quand
ton regard absent ignore s’il te guide,
Respecte
le dessein, enlève le décor,
La
nudité parfaite a la saveur languide,
Et
ton dernier désir se passe d’un accord.
Qui
saurait deviner que sous le triste masque,
Le
sourire apathique, un air de vagabond,
La
forte volonté rien ne cède au fantasque,
Elle
se fortifie à l’air nauséabond.
Le vermisseau et le ver Adam
Au début fut le vide, un doux pays
sauvage
Tout autour un ciel bleu, dans le
souffle serein
Déjà quelques oiseaux jouaient de
leur ramage.
La douce quiétude à charmer le serin;
Jaloux de son pouvoir, le
« superbe architecte »,
(Il tenait tout son monde en sa poigne d’airain)
Voulut s’offrir un jeu, (point de
façon suspecte),
Pour permettre à demain de croître et
embellir ;
En cela l’obligeait l’action circonspecte.
Longtemps il réfléchit, au : « Comment
établir
Une démarche forte, approuvée et
fertile
Et que le temps passant, nul ne
viendrait salir !»
Et vint le ver Adam… Charmant,
svelte et de style,
Souvent se prélassait dessous les
arbres verts,
Il éprouvait ses sens, notamment le
tactile…
Solitaire il jouait, printemps, étés,
hivers,
Le bonheur en son cœur faisait vibrer
sa tête ;
Le « Créateur de tout »
s’avisa du pervers.
On ne peut de la sorte, avec ce qui
l’entête
Laisser Adam tout seul et sans un
avenir…
Et voilà « Grand Sais
tout » devant un casse-tête !
Diogène souffla la clé du devenir :
Rompre la solitude, il fallait cette
idée…
D’une côte flottante, il créa pour
finir…
Un joli vermisseau, la suite est
validée !
La couple porterait la noble ambition,
Ecrire
l’Autre Histoire enfin consolidée
Aux hérauts d’exiger l’extrême attention
Au changement profond, nouvel ordre
du monde,
Et face à « l’ineffable »
oser l’inflexion.
L’ouvrage cent fois mis, même en le
demi-monde
Sans effet se révèle… Encore un coup
pour rien !
Et vous pourrez courir partout la
mappemonde,
Vous croiserez gens bons, mais aussi
des vauriens
Qui diront haut et fort le manger et
le boire
Et pour vaincre le sort, brameront
wagnérien.
« Immense Grand Sachant »
reconnut le déboire,
Mais cette folle audace, artifice ou raison,
Devait pour l’avenir prendre place au
ciboire.
Trop tôt est aujourd’hui pour cette…
liaison,
Dans deux mille ans peut-être, un
monde à bout de force
Décidera contraint, d’endiguer
couvaison…
Alors un vent nouveau, justifiera l’entorse,
Le verdict magistral, Adams et
Vermisseaux
Divins entremêlés, fiers bomberont le
torse
Pour juguler enfin les gènes à
pourceaux.
29/11/2016
Jo Cassen
« Perfides utopies »
Tous droits réservés
Chimère
Quel est cet air canaille ?
La posture effrontée ou l’étrange regard
Qui me perce, m’émeut, ce petit
teint blafard…
Le mensonge tenaille ?
Comment ici dépeindre,
Une scène fantasque où sourd le morne ennui,
Où chaque trouble vain nous ramène à la
nuit…
Je ne veux pas m’astreindre.
Je combats la cohorte
Des esprits malfaisants ; Ces
fantoches jaloux
Hantent l’inconscient et hurlent
comme loups…
L’espoir ferme la porte.
Factice souvenance
De leurres tu te vêts pour
déguiser le noir,
Tu peints l’ivresse folle au fond de
l’entonnoir…
Ignoble rémanence.
Perfides utopies
Jo Cassen
29/11/2016
Tous droits réservés
Apocalypse
Puisqu’il convient d’écrire
Avec les mots qu’il faut,
Sangloter de douleur
Ou hurler toute haine,
Prenons cette licence
De le crier très haut,
Ce qui vous est chanté
Porte le sceau du faux.
Surtout, ne pas décrire
Vérité ou défaut,
Revêtir de couleur
Le noir de votre peine,
Mais en toute décence,
Dans l’immonde chaos
De trop d’esprits hantés,
Bien tailler à la faux.
Tout recommence encore
Les éclairs dans la nuit
Les têtes qui se coupent
Les chantres de la paix :
-« Libérons sanctuaire ! »
-«Tous frères et unis ! »
-« Haro sur
l’infidèle ! »
-« Le combat de la
paix ! »
Et l’on voit qui pérore
Jusqu’au bout de l’ennui,
Et déjà nous découpe
Un gâteau si épais…
Pétrole mortuaire.
-« Car tous seront
punis ! »
-« Voici notre
modèle ! »
-« Vous nous devez
respect ! »
C’est le jeu mercantile
D’obsèdés de pouvoir,
Ennemis solidaires
Ils jouent au bonneteau ;
Pour sa bonne conscience
Le péquin est heureux :
-« Qu’il est beau et si preste
Notre vénéré chef ! »
Le propos infantile
Conditionne à prévoir,
Tout devient secondaire,
Pronunciamiento !
Oncle Sam et sa science,
Sourire chaleureux ;
Vous endossez la veste
Opinez derechef.
Preste à fourbir les armes,
A se révéler coq
(De combat), pour la frime,
Et surtout enfumer
Aux ordres du grand frère,
Pour endormir un peu,
Il n’y a pas violence,
Quand on berne au galop.
Aux mamans quelques larmes
Papa baisse le froc :
-
Où
supposer un crime ?
Nez en l’air et humer ;
Il faut bien se distraire,
Avant le sauv'-qui-peut,
Avant le grand silence,
De l’as du pédalo.
Il est toujours le même
Le jeu du Dieu-dollar
On arme les milices,
Bouscule les états,
Plus le fort que le faible,
On tue un vil tyran
Peut-être même un autre,
Et l’on devient sauveur.
Le malheur que l’on sème,
C’est l’enfance de l’Art :
Il vend bien le supplice,
Mieux que la muleta,
-« Ôtons le sureau hièble »
Le propos délirant
Se veut de bel apôtre
Il réjouit le suiveur.
Fantaisies
18/09/2014
Jo Cassen
Tous
droits réservés
Odyssée
Grand Prix Charles Trenet 2016
Mille Poètes en Méditerranée
ACROSTICHE : 1er Prix
La
douce nappe bleue, un récital d’accords,
Amusette
coquine assouvit son caprice.
Masse
ses bras, son ventre, enveloppe son corps
Et
puis aussi ses reins, ô noble tentatrice
Redouble
ton ardeur, le temps est suspendu.
Aux
farouches amants, chante la litanie.
Bercée
au désir tendre, un attrait défendu
Erige
le tremplin de l’atroce avanie ;
Redoute
le regard plus que mes fols embruns,
Camoufle
tes secrets des yeux de bienséance
Et
savoure le temps, je t’en offre ces brins.
Mets
ta main dans ma main, je sais la doléance
Oublions
la réserve, et fi de l’apparat,
Nourris-toi
folle enfant du fulgurant prodige.
Crois-le
ce sortilège au reflet nacarat,
Ondule
de pudeur, accepte le vertige
Et
conte nous plaît-il cette riche odyssée,
Ulysse
fut héros, fabuleux, éternel,
Regarde
nous ma mie, et vis la panacée.
Pour
croire à l’avenir, à l’amour fraternel,
On a
besoin de l’autre et de s’aimer soi-même,
Une
vague t’emporte et tu deviens titan,
Riche
de cent projets, royaumes en bohème.
La
plage et le maquis du pays occitan,
À
l’aube de ce jour où tout se reconstruit,
Viens
petite je t’aime, aime-toi, je te prie,
Il
suffit de vouloir, d’accepter
cet autrui
Et
caresser l’espoir, celui qu’on s’approprie.
17
octobre 2016
Jo
Cassen
« Perfides
utopies »
Tous
droits réservés
La
mer,
comme un pardon aux espoirs fracassés.
Luciole d’amour qui porte toute vie
Appelle de tes vœux l’ultime soubresaut ;
Montre-nous l’exaltant, parle-nous de l’envie,
Espère pour tes yeux l’impossible sursaut,
Ravive le désir ou la folle pensée.
Quoi que dise un silence, une flamme d’enfer
Ulcère le sensible et fleur ensemencée
Ondoyante, perverse, au soir du grand souffert
Nargue tous les dangers, mutile la mémoire.
Vengeresse aux pieds nus, souffle le vent exquis
Orne ton front moqueur de blancs lauriers de gloire
Instruit le mécréant et quittons ce maquis ;
Terrorise l’orgueil et jugule la transe.
Demain veut le plaisir, sans le goût de l’amer,
Admoneste les sots, les marchands de l’outrance,
Navre les fous de mort qui souillent l’outremer,
Sages peut-être alors sous la voûte aux étoiles,
Erubescente encor du sang des déplacés,
Reverrons-nous enfin le soleil et les voiles ?
La
mer, comme un pardon aux espoirs fracassés.
15
octobre 2016
Jo
Cassen
« Perfides
Utopies »
Tous
droits réservés
Au pas de l’oie
Un matin ordinaire, une page banale,
L’étrange goût amer tel un pressentiment,
La mesquine parlote était un boniment,
L’ultime camouflet vers la touche
finale.
Le sophiste dira l’ode subliminale ;
Le crédule enchanté s’incline gentiment,
Se gargarise enfin du funeste piment
Pour vivre le délire en folle
bacchanale.
Justifiez le sort, abondez le Malin,
Le mot ici s’acharne à feindre le
câlin
Pour assouvir goulu l’œuvre
démoniaque.
Les dés pipés jetés, la voix du grand
frisson
Diffuse dans les airs le délire
orgiaque,
Le laquais fait cortège, il marche à
l’unisson.
13 octobre 2016
Jo Cassen
«Perfides utopies »
Tous droits réservés
Un miracle
Conscient des enjeux mais le verbe
agressif,
Bousculant le village et le honteux
silence,
Il secouait le joug de la molle
indolence,
Sans ressentir jamais quelque trait
convulsif.
Toujours celui qui dort du sommeil
régressif
Minore l’attentat, la vaine
turbulence
Qui l’agite soudain dans sa feinte
opulence
Quand le discours revêt un accent
offensif.
Et chacun se convainc qu’il connait
le remède,
Que tout ce vilain temps n’était
qu’un intermède
Que d’ailleurs ou d’ici jaillira le
sauveur…
Il bataillait sans trêve et
prononçait l’oracle,
Il contemplait des sourds l’insipide
ferveur;
Demain dira le vrai, faut-il croire
au miracle ?
1 octobre 2016
Jo Cassen
« Perfides utopies »
Tous droits réservés
Saltimbanque
Baladin picaresque, il a mis le
tréteau,
Quelques rais de lumière, une humble
ritournelle,
Une histoire de gens, un cri de
sentinelle
Pour fermer une porte à l’horreur du
ghetto.
Confrères alentour ont posé leur veto,
Des amis, la famille, un fat polichinelle,
Ils disent leur talent, fièvre
passionnelle,
Invités au partage, ils resserrent l’étau.
« L’herbe de notre
pré se doit en abondance
D’alimenter d'abord notre fier pas de danse,
Et point ce vil coquin
déguisé sous le fard. »
L’esprit, petit bouffon, n’habite pas
la place,
L’envieux est obtus, œil vide et teint
blafard,
L’étroit rêve égoïste a l'accent dégueulasse.
28/09/2016
Jo Cassen
« Perfides Utopies »
Tous droits réservés
Vois !
Anthologie Flammes Vives 2017
recueil n° 3
Vois ce monde effaré qui se raidit de
peur
Et le flux infernal des mendiants de
vie
Poussés vers un destin qui fleure bon
l’envie ;
Une terre promise ou le piège
trompeur ?
Cherchez le naturel, sortez de la
torpeur,
L’exode qu’on vous sert d’une foule
asservie
Répond au seul besoin de l’hydre
inassouvie :
Le profit indécent, et fi de la
stupeur !
Plus n’est temps d’investir, le
court-terme commande,
Le commerce amoral a la lippe
gourmande
Et pour prix de son crime, il lui
faut des vaincus.
Étrangers, clandestins, sous le ciel
du grand astre
Egoïstes piteux, vous êtes tous cocus
Les dindons de la farce, authentique désastre.
27/09/2016
Jo Cassen
« Perfides
utopies »
Tous droits réservés
De
la Gaule et des glands
Je m’en revins un jour de ce pays de miel
Où verte est la campagne, où les routes sont grises
Et la côte bleutée, où les vagues se brisent
Au perron des maisons éclaboussant le ciel.
Un bel Eldorado, la plus belle montagne
Qui renvoie en écho des chants mélodieux ;
Je m’en revins un jour, périple radieux,
Du nirvana promis, le séjour de cocagne.
Je m’en revins un jour du dernier paradis,
Où chaque arbre aux fruits lourds, (supplice de tantale),
Patiemment attend le garnement vandale
Qui voudra déguster sans donner un radis.
Lorsque le souvenir égaye ma mémoire,
La joie est dans le cœur, le sublime en mes yeux
Tout cherche à m’enivrer… Pourquoi ce sourcilleux
Quand cent jaillissements enflamment mon grimoire ?
Bien sûr, à regarder chaque chose au décor,
À sa place première, unique, essentielle,
(Avatar
ou natif) ou providentielle,
De si belle façon, pour un si bel accord…
Là, peut-être le port… Ces atours insolites…
Dédain, étonnement... ici, quelques regards
… L’abord suspicieux… exigeant des égards ?
Ou l’allure… d’ailleurs ? Sont-ce des carmélites ?
J’esquive l’examen ; de rêve est mon séjour,
Et je ne puis me perdre en vide conjecture
Juste pour satisfaire une caricature ;
Cet endroit est béni, même en ce contre-jour.
Pourtant lorsque l’on croise, un corsage de voile,
Une femme en jupette (un fait en soi banal)…
Rare, étrange… étonnante image d’Épinal,
Au sortir de l’école, on regarde une étoile.
Voilà que je m’esclaffe, un papa, deux, trois… dix
Assument leur devoir, ils attendent le gosse,
Pour la cause, ils ont mis, (ce n’est pas du négoce)
Robe de bure gris, sandales de jadis.
Sans doute un carnaval, ces filles décorées…
Je m’imagine loin, au parvis de Karnak,
Maman, la jouvencelle et l’austère cornac
Entre le fleuve Mère et les dunes dorées…
Voilà que je blasphème, alerte au goupillon !
Au début fut le ciel, enfin l’eau puis la terre,
Lorsque Dieu créa l’homme, humble célibataire,
Jamais il n’évoqua le teint du négrillon !
Je me pris à songer au roi de cet empire…
Perdu dans un penser ou presque divaguant,
Faudrait-il une loi pour fuir l’extravagant,
Fixer la mosaïque et le sort du lampyre ?
J’échafaudai cent plans, et même des désirs,
Je le voyais si grand, charisme béatique,
D’un langage si vrai… J’ai croisé cet antique,
Un vieillard courbatu lassé des faux plaisirs.
Il portait en ses yeux du monde les sagesses,
Avec forte évidence, il m’apparut serein,
Il sut bien me saisir l’austère riverain,
Je reconnus Mentor dispensant ses largesses.
Me fixant dans les yeux, il me tint ce discours :
« Vous êtes mon garçon en terre de magie
Où l’effort conjugué porte patriphagie,
L’officiel souhait: modeler basses-cours. »
Mon air dubitatif interpella le sage
Il ressentit mon trouble à l’étrange dessein,
Et pour être fort clair, il me fit le dessin…
Passé l’étonnement, il reprit : « Le message.
« La main du travailleur est inutile ici,
Depuis longtemps déjà, sous d’autres latitudes,
Esclaves à merci prouvent leurs aptitudes ;
L’impéritie est là, quel gâchis que voici ! »
« La bêtise nous berce au doux air de guitare,
Elle endort le benêt et ses gadgets plastoc,
Pourquoi jeter la pierre à quelque chef en toc,
En faire le porteur du poids de notre tare ?
« Le crétin si banal, de tout temps, en tous lieux,
Il ânonnait bêta sans jamais rien comprendre
Et souriait benoît quand il fallait apprendre,
Partout en nos pays et dans tous les milieux ! »
Il comprit mon émoi, le fort trouble amétrope,
Pourquoi cette invective… une allégation ?
Il lui fallait céans, prouver l’assertion…
Comment devenir çà : ce pâle misanthrope ?
« Pour s’être
épanoui près du poêle, apaisé,
Il avait bien gagné, venu son âge d’homme,
Le droit fondamental de croquer dans la pomme,
D’une coquille vide, un thon déniaisé. »
Pourquoi chercher remède à gêne irrésolue,
« Dame nature encor recycle ses déchets,
Le temps fera son œuvre, un sot a ses hochets,
Sans ostentation et le plaisir pollue. »
Je m’étais sustenté de chacun de ses mots
J’avais bien entrevu le regard du rapace ;
J’étais dans une impasse, et pourquoi cet espace
Entre le mien constat et l’état de ces maux ?
C’est le tourment vécu, l’expérience vive,
Il poursuivait constant, je compris ses motifs :
Le désolant banquet des jugements fautifs
Et l’obstacle affronté par l’étranger convive.
« Tout le siècle passant, vomissant leur fureur,
D’illustres belliqueux ont coupé bien des têtes
Sans trouver pour autant les justes épithètes :
Eradiquer le vice, œuvre de péroreur ».
« Usages bigarrés, authentiques
errances,
Depuis la nuit des temps le ver sévit dans l’œuf,
Le rêve de grenouille aussi grosse que bœuf ;
Ce peuple paraît-il nourrit ses différences ! »
« Parce qu’il a tondu sans pudeur le mouton,
Sans un quelconque effort, (acquis est l’avantage),
Le goût du toujours plus, l’avenir en otage,
Il se prit pour un Dieu mais n’était qu’un glouton. »
De l’ancienne France, ils l’ont désemmurée
Des vaillants ont pris place achetant consensus. »
Vos enfants paieront cash, les intérêts en sus
C’est le prix de l’exode à travers l’azurée. »
« Et l’on se berce à croire, on s’enivre déjà
De l’hypothèse belle, appétit prosaïque :
Les couleurs d’arc-en-ciel pour vaincre l’archaïque,
Une folle utopie, un mensonge goujat. »
« Arrêter la débâcle et la désinvolture,
C’est vaincre l’indolence, obliger à l’effort,
Rien ne viendra d’autrui, n’attendre aucun renfort ;
Relever le défi d’un peuple de culture. »
À l’écouter ainsi, sans dire, sans broncher,
À voir dans son regard cette intense révolte,
Est-ce qu’après semis jamais ne vient récolte,
Et que de désespoir l’avenir est jonché ?
À pénétrer ce ton sans travers et sans feinte
Que le bel âge porte ; à lire la vertu,
Le sentiment profond qui jamais n’est tortu,
Devais-je donc oser une quête défunte ?
Je me mis en devoir d’instruire le procès :
Ce danger qui partout nous menace et nous hante,
Cette fatalité, la lésion béante
Où s’abîment nos vœux et nos cris de faussets.
D’évidence il me faut rechercher le sursaut,
D’un peuple d’assistés relever droit la tête,
D’un peuple mendiant révéler un esthète,
De tous les fondements édifier l’arceau.
Le blindé formatage a créé sa milice,
Le chemin sera long, certaine la douleur,
Dans ce gouffre infernal sans droit et sans valeur,
Ton ami, ton parent agira tel complice.
Toujours apparaîtra vil faucon ou chacal
Devant l’autre qui pleure et quémande l’obole
Et tu te heurteras, chantre de parabole
À ce fossé d’aisance exhalant le fécal.
Tandis qu’il se pavane en sa déconfiture,
En funeste ballet aux rites aveuglants…
Quel fabuleux pays que ce pays de glands
Qu’il faudra violer pour sa progéniture
27 septembre 2016
«Perfides utopies »
Jo Cassen
Tous droits réservés
Le feu de Chat Lumot
Hier la grande armée
Aujourd’hui la débâcle ; un
héros est coquin
Quand loin du clair de lune il glane
un maroquin ;
L’arnaque est transformée.
Pourtant tous comptes faits
L’escogriffe superbe au doux chant de
sa lyre
Enivrait son édile au fantasque
délire ;
Qui parle de méfaits ?
Pourquoi dans ce tapage
D’une cour conspirant noyer un chat
Lumot
Et ses lutins follets ? Pourquoi
rompre trumeau
Et brûler cette page ?
« Voyez le résultat,
Le fatal tsunami ! Dîtes ce qui
m’abuse
Que je comprenne un peu ce complot de
cambuse ;
Un sinistre attentat ?»
La vulgaire déroute,
Carrousel ensablé, les rats de
carnaval,
Thuriféraires laids, pitres de
festival
Pleurent la banqueroute.
Le bohème bourgeois
Vit son dépit chagrin, futile mascarade ;
Il veut se souvenir du guignol de
parade
Et de son feu grégeois.
Sous la lune complice
Au bord de sa rivière, une ville se
meurt ;
Il n’en faut point parler et masquer
son humeur,
Boire enfin le calice.
Nul jamais ne dira…
L’urne des bulletins a chamboulé le
monde,
Le projet dépassé croule dessous
l’immonde,
Le vent l’emportera…
Au grand jour de l’Europe
Aurais-tu pollué saltimbanque Lumot
L’image somptueuse où le moindre
marmot
Se grise au psychotrope?
Ainsi s’enfuit le temps,
Avec lui Chat Lumot que le vide
exaspère
Et cette léthargie où chacun
désespère,
Rustres et charlatans.
Faudra-t-il se résoudre
A rompre le sommeil et le douillet
confort
D’esprits au bon format, d’appeler haut et fort
Le vent et puis la foudre.
Dame taupe Inambour,
Discrète s’il en fut, joliment clairvoyante,
Répondit au souhait de démarche
seyante
Pour que sonne tambour.
En sa grande sagesse
Toujours elle avait mis en oeuvre son
talent,
Malgré la cécité, pour que l’hydre
chaland
Fît preuve de largesse.
Mais ell’ savait aussi
Que toujours le péquin, tellement en
soi-même
Sûr de son haut génie, assassine qui l’aime ;
Suffisance grossit.
Chat Lumot était triste,
Avait-il combattu, redoublé ses efforts,
Flatté mille désirs, sollicité
renforts ?
Le doute froid attriste…
-
« J’aurais
aimé pouvoir,
Expliquer, commenter, démonter
arguties
Mettre un malin plaisir et toutes
minuties…
Mais comment se mouvoir ? »
Car c’est ainsi qu’il pense,
(En son for personnel, loin du
charivari)
Le brave Chat Lumot qui sait son
gabarit
Et ses folles impenses.
-
« Un
matou de devoir
Se doit de tout tenter, ne pas faire
l’autruche
Pour finir dégonflé, tout comme une
baudruche…
On ne peut décevoir ! »
Il part en soliloque,
Se frappe sur le cœur, se répand en
regrets,
Evoque des remords, des marges de
progrès,
Serait-il ventriloque ?
Bien que n’ayant rien vu,
Dame taupe Inambour ose cette
réponse,
Qui, faut-il le souffrir, n’est surtout pas absconse
Mais chasse dépourvu.
-
« J’entends
ton apostrophe,
Je saisis l’embarras mais il faut
regimber…
Point ne suis politique et ne puis me
nimber
D’un halo catastrophe. »
-« Rien ne naît du hasard,
Cherche la cohérence où porte
l’entourloupe,
Quel est le grand dessein, où vogue
la chaloupe ?
Entrevois le lézard
- Sous le masque du traître,
Un vandale ou l’ami, l’as des
contrefaçons…
Aurais-tu négligé de soigner les
poissons,
Les archanges du maître ? »
-«Fus-tu l’outrecuidant,
Celui qui sans vergogne écrivait en
pénombre
L’histoire qui demain déplacerait
dans l’ombre
Le prestige obsédant ? »
-« Aurais-tu, c’est dommage
Omis de t’incliner, de baiser les souliers,
De chanter glorieux les titres
frontaliers
De l’icône roi-mage ? ».
-
« Plus
d’émois, c’est agir !
Rien n’est simple au début, surtout
lorsque l’adresse
Concerne un féodal et que dans ta
détresse…
Qui vois-tu réagir ? »
Chat Lumot vit en sage,
Il ne s’étonne pas, puisqu’il
n’espérait rien,
Ni de ses courtisans, ni d’un pâle vaurien ;
Il reçoit le message.
-« Personne… » Chat Lumot
Le sait, les faux amis enfuis, sourde
allégeance,
Quand l’armada superbe évacue en
urgence…
Elle hait le plumeau.
Et Chat Lumot contemple,
Il a remis les clefs, replié ses
tréteaux,
Remisé les décors, il honnit les
ghettos…
Serein garde du temple.
-
« L’immense
est à venir :
La place libre enfin, chacun sur son
manège,
Va tirer pour le Dieu, jouer le bel
arpège ;
Créer le devenir… »
-
« Et
vive la culture !
Demain un autre jour, la muse est à
nos pieds,
Le banquet entre nous sans quelque casse-pieds,
Foin de littérature. »
-
« Après
tout, fusillé,
Ton chef tu le risquais, une trop
haute tête
Nuit à quelques vantards qui vont
niquer la bête,
Sans même sourciller. »
-
« Ce
monde se mérite ;
Ainsi suivent les gens fort d’avoir
abdiqué
Les désirs, les besoins et tout décortiqué…
Le service du rite ».
Au ton si véhément,
Au propos tant subtil, Chat Lumot se
regarde
Et renfrogne ses airs, il doit
hausser la garde,
Nul besoin d’agrément.
La décision prise
On compte ses atouts, aucun brillant ballot
N’est utile au discours, on repart au
galop,
Dénions la méprise.
Le cirque repart, mais…
Mais comment ? Dame taupe, un ressort, la réplique :
- « En tant que Chat Lumot, renonce à
l’idyllique,
A la douceur du mets »
-
«Partout
sur d’autres planches,
Nous avons côtoyé maints critiques
ravis
Et de fervents publics, entendu beaux
avis,
Rires en avalanches. »
«
J’ai connu s’agitant
Au
grand stade de France où l’on rit et l’on danse
Un fol
énergumène à tue-tête et en transe,
Le clamait en chantant. »
-
« Chat
Lumot, retiens-le,
Ton principe fais-en, réponse à
boutefeu
Et chasse ton angoisse, embrase un
contre-feu
Chat Lumot, apprends-le ! »
« Allumez le feu !
Allumez le feu ! »
Jo Cassen
« Perfides
utopies »
11/9/2016
Tous droits réservés
Le condor
Souvent le vol est long qui mène à
nulle part,
On se cache les yeux sous un fade
artifice,
On calfeutre vaillant le plus mince
orifice,
Par peur de l’escarmouche, on érige un
rempart.
Pourtant au garde-à-vous, figés pour la
plupart,
Lassés d’avoir pleuré, souffert le
sacrifice,
Ils quittent le séjour du trompeur
édifice ;
Le vertige du vent enchante leur
départ.
Je comprends ta raison, sens ta
mélancolie,
Mais la forte colère enfante la folie
Quand pour se protéger l’on crée un
mirador
Crois à la bonne étoile, à meilleure
fortune,
Emmène-moi là-haut majestueux condor,
Pour dessiner demain, loin d’Arès et Neptune.
5 septembre 2016
Jo Cassen
« Perfides utopies »
Tous droits réservés
.
L’amerloque
Parce que nul ne sait où commence, où
finit
L’infernal carrousel où Satan fait
son nid
On enterre les corps, feus de
quelconque cause
Et s’invente l’histoire, en blanc,
noir et en rose.
Les guignols de parade entonnent le
discours
Il émascule tout, balise le parcours,
Le peuple réjoui tend la joue et la
fesse
Tant Sodome lui plait… puis il passe à
confesse.
Peu importe le rite, un lâche est un
vassal :
Le pékin vit sous coupe, authentique
féal,
La flatterie inonde au désert de son
âme,
Une lueur s’éteint, plus de petite
flamme.
S’agissait-il d’un tour, l’art d’un
magicien,
L’arme d’illusion du politicien ?
Non, le parfait nigaud placé sous somnifère
S’endort en bienheureux en pause
mortifère.
La démarche est fort simple : un
prétexte grossier
Que chacun peut comprendre, un
soutien financier
(Le nerf de toute chose), à l’abri la
fortune
Qui jamais ne se perd, ô sagesse
opportune !
Point ne s’agit ici, de votre doux
livret !
Cela ne compte pas, ce pécule pauvret
Rejoindra le grand gouffre, un écot
dans l’ivresse
Au grand bal des cocus, le prix de la
paresse.
Ce pays de culture aime les bonnes
mœurs
Surtout s’enorgueillit des outrages
charmeurs ;
Les ploucs, les plus nombreux, feront
beaux macchabées
Les nantis épargnés, les divins
scarabées.
On peut commémorer, évoquer les
moulins
Les héros calcinés, les sombres
margoulins,
L’important n’est-il pas de plier la
racaille
Qui devra se soumettre à la dive flicaille ?
Depuis la nuit des temps, les uns ont
le pouvoir
Et l’argent, le confort, quelquefois le
savoir
Les autres (valetaille) apprécieront les
miettes
Ravis de bonne foi d’admirer les
paillettes.
Ce n’est pas évident de glander
hébété,
De croire au boniment sans paraître
embêté,
Il faut la belle dose, un surcroît
d’ânerie,
D’aucuns oseraient dire : « Etat
de connerie ».
C’est qu’il vit
« nettoyeur » ce crétin tant jaloux
(Un égo sans égal), il hait pire que
loups
Tout ce qui lui ressemble, il mettra
tout en œuvre
Pour briser un talent en fuyante
couleuvre.
Ainsi le laid boulot s’accomplit sans
émois,
Le tordu, le bancal ôte son siamois,
Pour le prix de la honte il aura sa
breloque
Et tout le fier au front, c’est
presque un Amerloque !
2 septembre 2016
« Perfides
utopies »
Jo Cassen
Tous droits réservés
Un autre monde
Il n’ose plus marcher dans les rues
de la ville,
Les yeux toujours baissés, il se fond
étranger,
Dans chaque ombre Il devine un signe
de danger,
Chez l’autre le zombi plein d’humeur
incivile.
Naguère s’honorer n’avait rien de servile,
Le godillot inculte aimait le
boulanger,
Soucieux simplement du boire et du
manger ;
Aujourd’hui le village a
l’accent bidonville.
Le passager d’ailleurs découvrant ce terroir,
Se fige consterné par l’indigne
mouroir,
Cherche désappointé quelque rare vestige.
La conquête sans arme a livré le filon,
Les témoins font silence, un étrange
vertige ;
Sous le voile l’obscur a tout mis au
pilon.
1 septembre 2016
Jo Cassen
« Perfides utopies »
Tous droits réservés
La main passe
Sans cracher dans la soupe ou trahir l’évidence,
Accepter de blesser ou de faire souffrir,
Juste pour se résoudre à ne plus
discourir,
Avançons pour agir, refusons cette
danse.
Depuis longtemps déjà l’on vit la
décadence,
Tout s’écroule partout, rien n’est à
conquérir,
Le désert, la ruine, on se laisse
pourrir…
Qui pour oser lutter, serait-ce outrecuidance ?
Intérêts divergents, avantages
acquis…
Se battre contre quoi, rejoindre quel
maquis ?
Pour quelle idée ou choix : la
mort ou la détresse ?
Insoluble dilemme où silence entendu,
Quand règne le déni, la formule traîtresse,
Le charognard complice a les traits d’un
vendu.
30 août 2016
Jo Cassen
Perfides utopies
Tous droits réservés
-
« C’est une révolte ?
-
« Non Sire, c’est une révolution. »
-
Versailles
14 juillet 1789
-
Réponse de
Liancourt au Roi Louis XVI
Sur les rives du Styx
Délicieux instant, cette coupe à ma
bouche,
Effluves envoûtants, tout rythme
suspendu,
L’étrange tourbillon sur un tempo
manouche.
Ne plus savoir, ni dire, accorte et
détendu
Ouvert à chaque souffle, envahi de
l’envie
Du fol désir sournois tel un piège
tendu.
L’esprit est en vacance, invente sa
survie
Plus rien n’a d’importance, un esquif
à la mer
Ballotté, délirant, passion asservie.
La nuit jette son voile aux confins
de l’amer
Que pleure cet amour au pied du
cénotaphe,
Au royaume du vent, près du vestige
khmer.
Car la fièvre l’emporte, ire
bibliotaphe
Le délire combat l’illusion de mort,
Pour l’ultime propos, l’allusive
épitaphe.
Jaloux de tout, de rien, aux dents
garde le mors,
Défend le souvenir, préserve la
mémoire
Ces moments où l’abject réfute le
remords.
Qui parle de sommeil, est-ce dans le
grimoire ?
A qui jamais ne dort, pourquoi chanter
l’oubli,
Et passer son chemin sans donner le
pourboire ?
Le déférent partout en maître
s’établit,
Faîtes-le ce détour, taisez votre pensée,
Le jugement est vain quand rien ne
l’anoblit.
La détresse s’incruste et jamais
nuancée
Sans l’infime recours dévore et tout détruit ;
Pourquoi s’enorgueillir de la savoir
tancée ?
Parce que trop lassé de s’opposer au
bruit,
Au silence de plomb qui tournoie et
qui gronde,
Il va déjà se taire, enfin il est
instruit.
Ne cherchez pas l’alarme ou la
probable fronde,
Au siège du néant virevoltent follets,
Que la fête commence et que tourne la
ronde.
Demain, un autre jour, vous romprez
les collets,
Et le barde du spleen reprendra sa
déroute,
Tout s’oublie et s’envole et valsent triolets.
Même si l’amertume habite sur ta
route,
Tu sortiras grandi de ce beau désespoir,
La richesse féconde est parfois sous
la croûte
Où de hideux pantins gèrent le découpoir.
29 août 2016
Jo Cassen
« Perfides utopies »
Tous droits réservés
Ami
Ami qui ne sais rien, ami qui ne vois
rien
Ecarte l’habitude, entends les mots
du sage,
L’esprit est grand et noble, accepte
le brassage,
Ces rites inconnus de l’étroit
Voltairien.
L’avenir veut l’obscur, un nouveau
galérien,
Une nouvelle loi pour tracer le
passage,
Il te faut abdiquer, plier sous le
forçage
Et oublier l’avant, ce modèle
vaurien.
Demain resplendira de charmes titanesques,
Le cristal et les ors paraîtront romanesques,
Ne crains plus le vertige, incline-toi
heureux.
Un jour, on peut rêver, las du
semblant de vivre
Peut-être un fils hardi, sensible et
valeureux
Face au loup enragé s’interdira de
suivre.
27 août 2016
Jo Cassen
«Perfides utopies »
Tous droits réservés
Tais-toi mais dîne.
Un envoyé de Dieu, le messager promis,
Artifice grossier ou fondateur
immense,
Ambassadeur de nuit enflé de
véhémence,
Ou peintre de l’abject, remugles et
vomis ?
Qui voudrait croire encore à quelque
compromis,
Tant le rite de mort aux accents de
démence
Enveloppe de deuil la grande
transhumance
Et provoque narquois les nouveaux
ennemis ?
Le gris chasse le blanc et le rouge
prospère,
Il a le goût du sang et l’âme
désespère,
Une opaque fumée a flouté l’horizon.
Sans le glaive ou les mots et sans la
Providence,
L'espoir devient insulte à la simple raison,
On se terre confus, on vit sa décadence ;
26 juillet 2016
Jo Cassen
« Perfides utopies »
Tous droits réservés
Retour à la préface
Je décidai ce jour de
revenir ici,
Pourtant rien n’est
facile et pourtant me voici ;
Je peux mettre mes pas dans le reste
de trace,
Les souvenirs confus, bousculer la
cuirasse.
On se blinde souvent de peur de
l’affronter
Le péril innocent que l’on ne veut dompter,
Perdu dans la mémoire, noyé sous le mensonge
Il déguise l’oubli sans altérer le
songe.
Que d’efforts accomplis pour habiller
le vain,
Combien de pleurs d’effroi
s’étouffent dans le vin,
Pour résister toujours, odieux maléfice ;
La contrainte superbe habille l’artifice.
Je le connais trop bien ce fantasque
tourment,
Nous marchons de concert, liés par le
serment
De laisser reposer les démons et les
anges ;
Tant sommes horrifiés par d’inouïs
challenges.
Le séjour de l’esprit se sustente de
morts
Réfute le regret et bannit le remords,
Il étouffe vampire un accès de
faiblesse
Et impose sa loi sans l’infime noblesse.
Tu sais sous chaque pierre, un rire
ou le sanglot,
La mèche de cheveux, tu vis royal-tringlot,
Toujours à bonne place, un leurre du
rivage,
Travesti sous le fard qui masque ton visage.
Tu l’entends cette voix, devines le
regard,
Le battement de cil, le petit air
hagard,
La source tant chérie, une maligne
preuve ;
Pourquoi chercher toujours à plier
sous l’épreuve ?
Prends un autre chemin, on ne le
refait pas,
La chimère renaît sous ton mea-culpa,
C’est que tu viens d’entrer au pays
de folie
Où tout te sera simple en la
mélancolie.
J’entends déjà l’écho, je distingue
l’appel,
Magique symphonie aux accents de gospel,
Enfle le tourbillon de l’étonnant
prophète
Qui follement s’enivre au grand soir
de défaite.
Je décidai ce jour de
revenir ici,
Pourtant rien n’est
facile et pourtant me voici ;
Je peux croire avoir
su, je porte haut ma face,
Bonjour mon bel échec,
retour à la préface.
27/06/2016
Perfides utopies
Jo Cassen
Tous droits réservés
Un pays de cocagne
Admirable pays si riche
en son histoire,
Sommets immaculés,
sublime littoral
Majestueux beffrois,
idéal pastoral
Où les hommes sont
beaux sur un beau territoire
Il avance à pas lents
Contemple le désastre
Tombe les bras ballants
Contraint sur le pilastre.
Etranger au terroir,
Inconnu dans sa ville
Il honnit le couard
Chantre de vaudeville.
Il marche doucement
Simple sans artifice,
Réfute le dément
Qui pour son bénéfice
Trahit l’opinion
Qui se plie et soumise
Souille son fanion
Et troque sa chemise.
Admirable pays, si
riche en son histoire
Sommets immaculés,
sublime littoral
Majestueux beffrois,
idéal pastoral
Où les hommes sont
beaux sur un beau territoire
Désolante contrée,
Médiocre penchant,
Culture sinistrée ;
On cherche le tranchant.
Pourquoi tenir la barre ?
Pourquoi toujours un chef ?
Peut-on soigner la tare
Et agir derechef ?
Un peuple sourd abdique,
Il jouit collabo,
Pour des crottes de bique
Se réveille nabot,
À jamais se condamne,
Asservit ses enfants,
Fait fleurir la bardane ;
Vertiges triomphants.
Admirable pays, si
riche en son histoire
Sommets immaculés, sublime littoral
Majestueux beffrois,
idéal pastoral
Où les hommes sont
beaux sur un beau territoire
24 juin 2016
Jo Cassen
« Perfides
utopies »
Tous droits réservés
Dire le bruit du silence
Association des Auteurs et Poètes de la Francophonie
Prix Claude SOREL 2017
1er prix de Poésie Libre
Elle se tut
C’était son libre choix ; la
jeunesse
Parfois
A des accents stupides.
Vif et hardi
Le ru impétueux, fou
d’envie,
Son corps
Brûlant, pleure ses
braises.
Un livre ouvert
Aux pages tôt mouillées qui lui
chante
L’espoir
Anéanti. Chimère.
D’ombre couvert,
Tel un défi cruel aux
alarmes
Du cœur ;
Fol conquérant vandale.
Petite fleur
Est dévastée, l’aube sanglote ;
Le mot
Se tait. Comment, pourquoi ?
Un autre ou lui,
La belle histoire,
jacasserie…
Ailleurs,
Ici… Vaine querelle.
Qui chantera
À s’épuiser, le cri, la souffrance ?
Le froid
Engourdit l’amertume.
Le beau, le laid
Le vrai, le faux,
l’absurde dilemme…
La loi
Qui souille et
assassine.
Toi le plus fort
Le temps se fige, triste vertige
Du sot
Vassal aux instincts lâches.
13 juin 2016
Jo Cassen
Perfides utopies
Tous droits réservés
Son bon plaisir
Sans me dire un seul mot, me souffler
son désir,
Sans laisser un message, un billet
laconique,
Sans même envisager un trémolo
cynique,
Elle a fui tout de go, c’était son
bon plaisir.
J’ai constaté le fait et tu mon
amertume,
Rien ne sert de pleurer une idylle
posthume,
Le temps balayera la trace de l’émoi.
Un fugace jouet, caprice de gamine,
À la claire fontaine abreuve-toi… sans moi,
Adoubons le suivant lové dans la
chaumine.
Sans te frapper le front, te
surprendre à gésir
D’un coupable remords qui fleure
l’impudique
Laisse le souvenir et la fièvre
tragique,
Ce n’était pas l’amour, seulement un
loisir.
8 juin 2016
Jo Cassen
Perfides utopies
Tous droits réervés
Tombe la pluie
Vous qui chantez la gentillesse
Mais brandissez le goupillon,
Posez cette arme de vieillesse
Qui conteste le tourbillon.
Préférez-vous quelque taloche,
Peut-être même le crachoir,
Plutôt que de sonner la cloche
En agitant votre mouchoir ?
Nous découvrons cette autre guerre,
Ce doux moment, ce fol frisson
Cher au commerce, comme naguère,
Qui ne veut pas du polisson.
Venus d’ailleurs pour la survie,
Ce que l’on dit, ce que l’on ment,
Ces chemineaux, manne asservie
Du grand marché le déploiement.
La vieille Europe et ses fortunes
Morne cocon sans devenir
Veut du sang neuf pour quelques tunes
Et du passé… le souvenir.
Tout est bidon, même l’horrible,
Même la mort, simple détail,
Passer le cap, point n’est terrible,
Nantis, pauvrets, simple bétail.
Tombe l’avion, gronde l’orage,
Le petit vert, riche pouvoir,
Trinque déjà, (quel est l’outrage ?)
Habillé d’or et sans devoir.
20 mai 2016
Jo Cassen
Perfides utopies
Tous droits réservés
Les poches vides
Accompagnez
le corbillard,
Arborez la
juste posture,
Abominez
l’aspect criard,
Admonestez
le babillard,
Abrogez la
désinvolture.
Maîtres,
valets sont démunis,
Mode douleur,
posent les armes,
Mille
visages rembrunis,
Morne couloir
d’enfants punis,
Miment les
mots dessous les larmes.
Enfants
jaloux, cœurs carnassiers,
Eduqués par simple
égoïsme,
Empêtrés de
prônes grossiers
Et de
mensonges nourriciers,
Entendez l’évident
truisme.
Notre
passage temporel
Nourrit
mille besoins avides
Nés d’un
principe culturel
N’admettant
pas le naturel
Nous mène
là, les poches vides.
Dimanche 22 mai 2016
Jo Cassen
« Perfides utopies »
Tous droits réservés
Le chien ouaf, ouaf !
Vous qui chantez la gentillesse
Et brandissez le goupillon,
Posez cette arme de vieillesse
Qui conteste le tourbillon.
Préférez-vous quelque taloche,
Peut-être même le crachoir,
Plutôt que de sonner la cloche
En agitant votre mouchoir ?
Nous découvrons cette autre guerre,
Ce doux moment, ce fol frisson
Cher au commerce, comme naguère,
Qui ne veut pas du polisson.
Venus d’ailleurs pour la survie,
Ce que l’on dit, ce que l’on ment,
Ces chemineaux, manne asservie
Du grand marché le déploiement.
La vieille Europe et ses fortunes
Morne cocon sans devenir
Veut du sang neuf pour quelques tunes
Et du passé… le souvenir.
Tout est bidon, même l’horrible,
Même la mort, simple détail,
Passer le cap, point n’est terrible,
Nantis, pauvrets, simple bétail.
Tombe l’esquif, gronde l’orage,
Le petit vert, riche pouvoir,
Trinque déjà, (quel est l’outrage ?)
Habillé d’or et sans devoir.
Et l’enchaîné, esclave libre,
Elucubre jusqu’à plus soif
Le grand Satan, (triste félibre),
La vache rit, le chien ouaf, ouaf !
20 mai 2016
Jo Cassen
Perfides utopies
Tous droits réservés
Brindille
Il voit se révéler un organon magique,
Telle une étrangeté, voluptueux
instant
Quand s’entrouvre étonné l’obstacle résistant
Qui s’abandonne las d’une fureur
tragique.
Il plastronne royal, la posture
logique
Du conquérant fameux maître de l’hésitant,
Après le fort tourment du délire
inconstant
Dès que fuit le frisson à mérite antalgique.
Au banquet dissolu, les effluves musqués
Ont décuplé l’ardeur sous les élans masqués,
Il convulse et explose en douche
salvatrice.
La brindille béate ignorait cet émoi ;
Saura-t-elle un seul jour, la perle tentatrice
Que s’envola le temps quand elle fut
à moi.
20 mai 2016
Jo Cassen
Perfides utopies
Tous droits réservés
Allégorie
Je ne vis pas ouvert aux appétits vulgaires,
J’écarte mon chemin
Des relents de mélasse ;
Je hais
Les esprits enfumés aux ignobles
effluves.
Pourtant vous m’entendez ;
L’a priori cingle et détonne,
Ce qui me lasse, vous sentez,
Silence !
Sous la bêtise crasse, on crève
anéanti.
Au soir du nettoyage,
Quand souffle le grand vent
Chassez les cris, les larmes
Trop tard ;
Le veau est mort, voici sa tête.
19 mai 2016
Jo Cassen
Perfides utopies
Tous droits réservés
Comme l’hirondelle
Il regarde le ciel, survole la
gazette
Il a perdu l’envie, attend le point
final ;
L’impétueux guignol un tantinet banal
Ne cherche plus les mots, le trait ou
l’amusette.
Parfois il réussit à renfort
d’anisette
À laisser s’éclairer un chevrotant
fanal,
Mais l’audace s’enfuit, cantique marginal
Du grand bal des bannis sur flonflons de musette.
Taisez votre amertume et oubliez son
sort,
Préservez vos demains pour un autre
consort,
Votre royaume vaut le combat qui
délivre.
Imitez l’hirondelle, un nouvel
horizon
Au-delà de la mer vous dicte de
poursuivre,
La nature renaît et vainc la
trahison.
18 mai 2016
Jo Cassen
Perfides utopies
Tous droits réservés
Il abhorrait les simagrées
Lauréat du concours 2016
des Editions du Bord du Lot
Passager clandestin d’un vaisseau
sans boussole,
Il scrutait les hauts fonds où flâne l’émissole
Et s’agitait sans trêve, un éternel
gamin,
Pour clamer son espoir d’un demain
qui console
A l’aube du fracas de l’ultime examen.
Hurluberlu naïf, authentique
Quichotte
Il entendait le souffle et la voix
qui chuchote,
Mais l’oreille attentive éludait le ragot
De l’esprit formaté, du ventre mou
chochotte
Exhalant le remugle au fumet de mégot.
Parce qu’il fut enfant des libertés
conquises,
Adolescent rebelle aux formules
acquises,
L’homme libre sans fard ose puis s’affranchit
Des us, des ronds-de-jambe et grimaces
exquises
Où s’étrangle l’esprit quand le cheveu
blanchit.
Venu de nulle part et de pâle
ascendance,
Où pouvait-il aller sans quelque outrecuidance ?
Comment agir serein quand l’obscène
désir
Des pigeons affadis s’appelle
providence
Tant l’audace les fuit comme un malin
plaisir ?
Attendre tout de l’autre, esquiver
ses contraintes,
Réduire ses vertus, effacer les
empreintes,
Se fondre farfadet de peur de déranger
Le banal ordinaire engoncé dans ses
craintes,
Serait-ce le ressort de qui veut
engranger ?
Il ne le connait pas ce fabuleux dilemme,
Sempiternel enjeu du petit matin
blême :
Vaincre la lassitude et partir au
combat,
Ou s’assoupir paisible en impudique flemme,
Pourquoi l’horrible choix, pourquoi
tout ce débat ?
Il ne le ressent pas cet étonnant
vertige
Des folâtres benêts avides de voltige
Entre l’aide d’état et la table du
cœur,
Il ne l’éprouve pas ce lubrique
prestige
De jouir sodomite admirant son
vainqueur.
L’effronté resquilleur se jouera des
alarmes,
Il n’idolâtre pas, il a fourbi ses
armes,
Le risque, l’inconnu ne sauraient l’intriguer,
Il a dompté la nuit et ses étranges charmes,
Teint blafard sous la lune, il aime naviguer.
Il ne se convainc pas de molle
certitude,
L’obscur dicte le temps de la décrépitude,
La lâcheté produit le destin
affligeant,
La vermine s’incruste, enfle la
solitude
Du pigeon famélique au propos
indigent.
Si le manant vivait sans ivresse
perfide,
Sans le travers malin d’une langue
bifide
Il accomplirait seul le chemin du
devoir,
Mais parfois le bien-être auprès de la
sylphide
Au chant de lamantin altère le bien voir.
Médusé, regard vide et la cervelle en
berne
Les principes plongés au fond de la
giberne,
Il attend lymphatique un rite fabuleux,
L’enchantement suprême où la raison
hiberne
Dans la douce torpeur du soir
miraculeux.
Ainsi jadis Muza prit la Septimanie,
Tandis que le rêveur des châteaux d’Hispanie
Ignorant son effroi s’inclinait déférent
;
Le mécréant toujours crève de sa
manie…
Faut-il pleurer sa peine ou vivre
indifférent ?
Jo Cassen
Perfides utopies
Tous droits réservés
Le 4 mai 2016
Agapes dionysiaques
Devant ses yeux ravis, de généreux minois
Affairés mais précis, des grâces
sémillantes
Ont dressé le buffet des douceurs
gouleyantes,
Une marmite d’or exhale un goût de
noix.
Des vins de nos grands crus, quelques
gâteaux viennois,
Bonbons truffés de miel, fragrances pétillantes…
Seraient-elles d’ailleurs ces vierges
scintillantes
Qui portent le frisson d’un rituel chinois ?
Il se doit d’éclaircir, s’approprier
l’espace
Qui fleure le secret dessous la
carapace
Du temple finement coloré de saphir.
Il entend fasciné l’étrange rhapsodie,
L’esprit flotte en vacance, il vit la
prosodie,
Le vertige l’étreint quand souffle le
Zéphyr.
Jo Cassen
Perfides utopies
Tous droits réservés